Presque 4 ans plus tard c’est cela qui me ramène ici.
Curieux quand on sait que ça fait des mois que j’essaye de réécrire en vain.
Etrange.

Logique.

Logique quand on sait que je culpabilise.
De quoi ? Pourquoi ?
Qu’est-ce que j’aurai pu faire sans y être ?
Mais j’aurai dû y être...
Mais c’est pas plus mal.
Je serai sans doute mort.

Comme eux.

Eux dont je ne lis plus les noms.
Je refuse.
Je regarde juste la date comme pour me dire que c’était déjà il y a presque 4 ans.

"Puisse le vent qui passe maintenant au creux de leur nom rejoindre le souffle d’humanité que nous n’avons jamais perdu.
Puisse ce vent porter tous ceux qui ont vécu ce jour sombre, tout ceux qui traversent cette place aujourd’hui"

De mémoire je ne saurai pas dire tous les noms. Sauf Nathan, Nathan ce gamin dont j’ignorais le nom mais que je voyais toujours rire avec son ami. Un gamin.

Puis le nom du terroriste aussi… car acte isolé ou pas j’appelle ça du terrorisme (même je sais que ça ne l’est pas dans la terminologie… ).

Son visage.

Ma culpabilité.

Et c’est débile.

Mais ce mec j’ai la quasi certitude de l’avoir croisé pas si longtemps avant dans mon autre ligne de bus.
Un mec normal. Posé. Sympa.

Et comment j’ai pu me fourvoyer ?

C’est pas possible.

Et pourtant c’est arrivé.

- - -

C’est curieux comme mon regard est toujours attiré par cette place.
Comme après désormais peut-être un an, j’ai du reprendre ma ligne.
Comme ça m’a fait comme le mois suivant.

Les verres ont à nouveau éclatés.
Mais je ne les ai pas senti.
J’ai à nouveau fixé l’impact de balle à hauteur de ma tête.
J’ai frissonné.
J’ai entendu les cris, imaginé les tirs.

Et j’ai pleuré le soir en réentendant dans ma tête "Mad world" et en sanglotant doucement je n’ai pu m’empêcher de chanter "Toi mon ami de Liège".

- - -

Je ne les oublierai jamais.
Je n’oublierai jamais.
Son rire cristallin à cet ado.
Fauché par l’infamie.